Hygiène bucco-dentaire en EHPAD : bonnes pratiques, protocoles et prévention

La santé bucco-dentaire fait partie intégrante de la santé générale et contribue directement à la qualité de vie des résidents en EHPAD. Les principales maladies bucco-dentaires sont d'origine infectieuse, donc particulièrement sensibles à un déficit d'hygiène. En EHPAD, cette fragilité est amplifiée : troubles cognitifs, dépendance fonctionnelle, sécheresse buccale ou difficultés motrices rendent souvent impossible le maintien d'une hygiène orale minimale sans assistance.

Sensibiliser les équipes à ce lien direct entre hygiène buccale, bien-être, nutrition et prévention des infections est une étape essentielle. Il ne s'agit pas d'un soin accessoire, mais d'un geste qui influence la trajectoire clinique du résident. Communiquer auprès des familles, valoriser les efforts des soignants et intégrer l'hygiène buccale dans le projet personnalisé renforcent la légitimité de ce soin au sein de l'équipe pluridisciplinaire.

illustration de la dépendance des résidents en EHPAD vis-à-vis de l’hygiène bucco-dentaire, avec 50 % de personnes autonomes pour le brossage et 50 % nécessitant une aide d’un soignant.

Protocoles standardisés : une base utile mais insuffisante

En France et en Belgique, plusieurs autorités sanitaires encouragent une approche structurée fondée sur des protocoles standardisés. Ces protocoles, souvent basés sur des arbres décisionnels, orientent le soignant selon l'autonomie du résident, la présence de dents ou de prothèses, ou les risques associés. Ils aboutissent à des fiches illustrées décrivant pas à pas les gestes à effectuer. Cette approche a pour avantage d'harmoniser les pratiques, de sécuriser les procédures et de faciliter les audits qualité.

Cependant, les limites de cette standardisation sont bien connues. Les protocoles ne tiennent pas compte des variations réelles de l'hygiène bucco-dentaire : dépôts de plaque, brossage insuffisant, prothèse mal nettoyée, irritation liée à un mauvais entretien ou accumulation alimentaire sous une prothèse amovible. Les protocoles ne prévoient pas de retour d'information permettant d'adapter le soin si l'état de la bouche change. Le soignant peut alors appliquer le protocole automatiquement, sans vraiment analyser ce qu'il voit. Et sans une observation régulière et structurée, ces protocoles ont peu d'impact sur l'amélioration réelle de la santé bucco-dentaire.

Les bonnes pratiques : observer, comprendre, adapter

L'approche fondée sur les bonnes pratiques, promue notamment par fsbd.org, repose sur une philosophie différente. Elle commence par l'observation clinique, l'évaluation de l'hygiène et l'identification des signes d'alerte. Elle s'appuie sur des outils validés comme l'OHAS ou l'OHS-interRAI, qui permettent de classer l'état bucco-dentaire sur une échelle simple et reproductible, et de fixer des intervalles de suivi selon l'état bucco-dento-prothétique à trois, six ou douze mois. Cette approche met l'accent sur la compétence des soignants. Le geste n'est pas seulement exécuté : il est compris, contextualisé, ajusté. Les soignants deviennent acteurs du dépistage, capables d'observer une hygiène insuffisante malgré un protocole correctement appliqué. Ils savent quand alerter le dentiste et quand renforcer l'accompagnement.

L'Odontoscope® s'inscrit pleinement dans cette logique. Il facilite l'observation régulière de la bouche, permet d'obtenir une image claire et standardisée, et documente l'évolution de l'hygiène dans le temps. Les photos prises avec un smartphone deviennent un support concret pour mesurer les progrès, motiver le résident, informer la famille ou déclencher une téléexpertise.

Le "juste soin" appliqué à l'hygiène bucco-dentaire

Chez les personnes âgées dépendantes, l'approche thérapeutique doit être proportionnée, pertinente et acceptable. C'est le principe du juste soin, un soin ajusté à l'état général, aux traitements, aux troubles cognitifs et au confort du résident. Le juste soin cherche l'équilibre entre bénéfice, tolérance et qualité de vie, en concertation avec l'équipe pluridisciplinaire, la famille et le résident lui-même.

Mais pour l'hygiène bucco-dentaire, le principe change : les besoins sont exactement les mêmes que pour le reste de la population.
Le brossage doit être quotidien, méthodique et efficace, que la personne soit jeune, autonome ou très dépendante. L'hygiène orale n'est jamais un "soin optionnel" : elle est la première barrière contre la douleur, l'infection et la dénutrition.

Reconnaître la dimension thérapeutique de l'hygiène bucco-dentaire revalorise un geste souvent considéré comme « une simple toilette », et la formation aux bonnes pratiques — fondée sur les recommandations scientifiques — permet de le médicaliser en intégrant le nettoyage des dents et des prothèses, l'entretien de la langue, la gestion de la sécheresse buccale ainsi que la prise en compte de la douleur ou de l'opposition.

Documenter l'hygiène : un levier de qualité et de prévention

À mesure que la dépendance s'accroît, l'hygiène buccale devient de plus en plus difficile à maintenir pour les résidents. C'est pourquoi une observation régulière de l'état de la bouche est indispensable pour mesurer la qualité du soin prodigué.

La possibilité de prendre des photos standardisées avec l'Odontoscope® ouvre une perspective nouvelle. Elle permet :

  • de documenter l'évolution de l'hygiène
  • d'évaluer l'efficacité du brossage
  • de repérer si un soignant a besoin d'être accompagné ou formé
  • de valoriser les progrès
  • de disposer d'un support objectif lors d'une téléexpertise

Cette documentation apporte une transparence nouvelle et contribue à améliorer la qualité globale de l'accompagnement.

Images intraorales prises avec l’Odontoscope montrant des niveaux d’hygiène bucco-dentaire chez des résidents en EHPAD.

Conclusion : Vers un modèle intégré : protocole + évaluation + compétence + téléexpertise

Les données scientifiques convergent vers un modèle hybride :
les protocoles garantissent la sécurité, les bonnes pratiques garantissent l'efficacité. L'approche la plus pertinente consiste à combiner :

  • un protocole simplifié pour assurer une base commune,
  • une évaluation régulière de la bouche,
  • une formation continue du personnel soignant,
  • des outils d'observation adaptés comme l'Odontoscope®,
  • et une boucle de téléexpertise pour les situations complexes.

Dans les EHPAD, l'hygiène bucco-dentaire est bien plus qu'un simple brossage : c'est un soin essentiel à la santé générale, à la nutrition, au confort et à la prévention des infections. Les protocoles apportent un cadre, mais seule la compétence des soignants permet d'adapter le geste à la réalité individuelle du résident. L'évaluation régulière, la formation, et la documentation par l'image transforment l'hygiène buccale en un véritable outil de prévention.

L'Odontoscope® offre à l'EHPAD un moyen simple et fiable d'observer l'évolution de l'hygiène, de repérer rapidement les anomalies et de renforcer la collaboration avec le dentiste référent grâce à la téléexpertise. Associé à une démarche structurée, il devient un élément central d'un modèle de soins fondé sur la vigilance, la compétence et l'amélioration continue.